dimanche 18 novembre 2007

Manifestation à Meaux pour le retour d'Ibrahim Arpaci

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Nous étions 200 à la manifestation à Meaux. Merci à toutes et à tous .
Une délégation a été reçue par monsieur Lucirero, adjoint aux affaires sociales.

La délégation était composée d'un représentant de la famille d'Ibrahim, de deux lycéens et d'un professeur du lycée Perdonnet, de deux représentantes de RESF.

Après avoir rappelé la situation d'Ibrahim et les conditions de son expulsion, elle a remis un dossier composé des trois documents que vous trouverez en pièces jointes, et posé les deux points suivants :

1) Quelles sont les assurances prises par le gouvernement français pour la sécurité d'Ibrahim en Turquie ?

2) Exigence d'un visa pour un retour rapide en France afin qu'il puisse y continuer ses études , y vivre en paix et se construire un avenir.

Nous avons aussi dénoncé les expulsions de sans-papiers en général.

L'adjoint était mandaté pour réceptionner ces demandes , et a répondu que nous recevrions une réponse du cabinet De JF Copé.

Rassemblement à Torcy le 25 octobre

mercredi 14 novembre 2007

samedi 10 novembre 2007

SANS-PAPIERS. Ibrahim expulsé malgré les deux cents manifestants


Samedi 10 novembre 2007 | Christel Brigaudeau Le Parisien

La mobilisation des élèves du lycée professionnel de Thorigny n'a pas empêché l'expulsion vers Istanbul (Turquie), de leur camarade Kurde.

LA CENTAINE d'élèves surexcités, les professeurs anxieux et les banderoles déployées dans l'aérogare de Roissy-Charles-de-Gaulle n'y ont rien changé. Ibrahim Arpaci, étudiant Kurde de 21 ans scolarisé au lycée professionnel Perdonnet de Thorigny-sur-Marne, a été reconduit à la frontière, hier par le vol Air France de 12 h 35 en direction d'Istanbul (Turquie). Un constat que sa famille installée en France, tout comme ses camarades et les militants du Réseau éducation sans frontière ont eu peine à admettre, au terme de quatre heures d'une manifestation sous tension.

A chaque passager du vol, les 200 manifestants munis de tracts et de banderoles à l'effigie du jeune sans-papiers réservent le même accueil : « Cet avion ne doit pas décoller », répètent-ils. La plupart des voyageurs leur sourient poliment. Jusqu'à ce qu'un homme à l'abri derrière une rangée de cinq CRS se mette à crier : « Les étrangers dehors ! » en brandissant son passeport français. Tollé chez les lycéens. Le passager voit s'approcher dans la confusion une cinquantaine de jeunes en colère. « Reculez, n'entrez pas dans ce jeu ! » exhortent les adultes manifestants. L'incident se clôt, de justesse, sans bagarre.

En retrait, les oncles et cousins français d'Ibrahim, pendus à leur téléphone, sont rongés d'inquiétude. « On était en ligne avec lui, il vient de nous dire ça y est, ils me ligotent et d'un coup la communication a été coupée », explique un proche. Plus tard, il apprendra que le jeune homme a décollé à 13 h 08, avec une demi-heure de retard.

Il s'est envolé à 13 h 08 pour Istanbul

« Cette affaire est un scandale ! » s'émeut l'avocate de la famille Arpaci, Brigitte Plaza. « Ibrahim n'est pas en sécurité en Turquie. S'il lui arrive quoi que ce soit, j'attaquerai la France pour non-assistance à personne en danger et abus de position dominante. Un recours va aussi être déposé devant la commission des réfugiés de l'Union européenne. »

Originaire d'une famille kurde dont 15 membres sont titulaires du statut de réfugié politique, Ibrahim serait en Turquie considéré comme un agitateur. Le 20 juin 2006, il a été condamné par contumace par la cour d'assises d'Adana à quatre ans de prison dont six mois fermes pour « complicité en connaissance de cause » avec le PKK, un syndicat indépendantiste kurde considéré en Turquie comme terroriste. « Nous n'avons pas la certitude de l'authenticité des pièces qui figurent dans le dossier de monsieur Arpaci », indique le secrétaire général de la préfecture de Seine-et-Marne, Francis Vuibert. « Ce jeune homme a eu l'occasion à quatre reprises de plaider sa cause avec ces documents. Il a été débouté à chaque fois. » Hier soir, personne n'a pu venir chercher Ibrahim à l'aéroport d'Istambul. Sa famille restée en Turquie habite 1 200 km plus à l'est.

Lettre des lycéens à Nicolas Sarkozy

Monsieur le Président de la République,

Nous, lycéens du lycée AUGUSTE PERDONNET de Thorigny-sur-Marne exprimons notre vive inquiétude, quant à la situation de notre camarade, Ibrahim ARPACI, expulsé aujourd’hui par le vol de 12h35 en direction d'Istanbul.

Bien qu‘Ibrahim ait déposé un recours, auprès de la Commission des Recours de l'OFPRA (office français des réfugiés et apatrides), comme le prouve un accusé de réception du 10 octobre 2007, nous savons qu’il a été entravé et embarqué, contre son gré, malgré la présence de 150 personnes à l’aéroport ce matin.

Le 22 octobre vous avez demandé aux enseignants de lire la lettre d’un jeune homme de 17 ans arrêté pour fait de résistance.

Nous vous demandons aujourd’hui de faire lire dans tous les établissements de Seine et Marne la lettre d’un jeune homme de 21 ans menacé par le gouvernement de son pays.

Cette lettre prouve à l’évidence son engagement et ce qu’il risque en Turquie

Nous vous demandons respectueusement de mettre toute votre célérité pour obtenir le retour d' Ibrahim en France afin qu’il puisse y continuer ses études, vivre en paix et en liberté dans le pays où il réside depuis 2005.

Lettre d’Ibrahim Arpaci demandant l’asile politique

Je me permets par la présente de vous présenter une demande de reconnaissance de ma qualité de refugié comme je l’explique ci-dessous, je risque de graves persécutions en Turquie du fait de mes origines Kurdes Alévies ainsi que de mes opinions et activités politiques. Je vous demande de bien vouloir enregistrer ma demande et de trouver ci-dessous mon récit biographique ainsi que l’exposé de mes motifs.

Je suis né le 30 août 1986, à Sunnet, village du district d’Elbistan dans le département de K.Maras au sein d’une famille kude Alévie.

Jusqu’en 1991, j’ai vécu au village. En été 1991 nous sommes allés rejoindre mon père à Iskenderun. Mon père y travaillait dans une usine de métallurgie. Il devenait de plus en plus difficile de rester au village. A cause de son soutien à la lutte nationale kurde Alévie, la population des villages d’Elbistan a été très durement touchée par la repression de l’armée Turque. Plusieurs villages ont été complètement détruits. Notre village comptait environ une cinquantaine de foyers, mais en 1993 il n’y restait plus personne.

C’est donc à Iskanderun que j’ai commencé mes études. J’ai été diplomé du lycée en 2004 puis étant recherché par les forces de l’ordre je n’ai pas pu poursuivre d’études supérieures. Les Kurdes Alévies de la région d’Elbistan ont massivement lutté dans les rangs des organisations illégales de gauche turque et dans ceux du mouvement national kurde.

Cet engagement intense contre l’Etat provient sans doute du fait qu’ils ont été depuis fort longtemps opprimés par les autorités et la population civile turque sunnite. Ethniquement et religieusement, ce sont deux communautés différentes. Les autorités ont attisé les différends entre ces deux communautés et activement soutenu les Turcs sunnites contre les kurdes Alévies. Ainsi, nous faisions l’objet d’une double repression ethnique et religieuse. Il suffit de donner l’exemple du massacre de K.Maras en 1978, tristement célèbre. Des centaines d’Alévies avaient été massacrés sauvagement par le Turcs sunnites encouragés et soutenus par les forces de l’ordre.

Pour les intégristes sunnites les Alévies sont des hérétiques. Selon eux tuer 7 Allévies ouvre la porte du paradis. Même à Iskenderun, j’ai été constamment témoin de cette intolérance vis à vis de notre communauté.

Pendant tout le mois du ramadan, nous vivions dans la crainte de persécutions car nous ne jeûnions pas. Les membres de ma famille et mes proches parents ont fait l’objet de graves persécutions du fait de leur opposition à l’état turc. Des dizaines de mes cousins ont été arrêtés à de multiples reprises, torturés. Beaucoup ont quitté la Turquie et vivent aujourd’hui comme des réfugiés dans les différents pays européens. Je voudrais donner quelques exemples. Mes cousins paternels Kemalettin, Ali Rahmi, Ismet ARPACI (tous les trois des frères), Abuzer , Garip, Sait, Huseyin, Mehmet, Hasan, Kazim sont des réfugiés en France. Ma souer aînée Zarife ARPACI est réfugiée en France depuis 1991. Le mari de ma tante paternelle Kudret GUNGOR est aussi réfugiée en France. Mes cousins paternels DOGAN, Cebrail et Tacettin ARPACI sont des réfugiés en Allemagne. Mon père et mon frère aîné ont été plusieurs fois placés en garde.

Le 21 décembre 1991, mon grand-père paternel, Ibrahim ARPACI, a été tué à Iskenderun certainement par les forces spéciales turques. Mon grand-père étai une personnalité très appréciée par les Kurdes Alévis d’Elbistan. Malgré toutes les menaces, il n’avait pas voulu quitter le village. Il apportait un soutien militaire et moral aux militants kurdes. C’est ce qui explique qu’il soit assassiné alors qu’il était venu nous rendre visite à Iskenderun. Ce qui est encore le plus révoltant, c’est que les autorités et la presse turque, guidées par la contre-guérilla, ont prétendu qu’il avait été assassiné par le PKK. La section du PKK dans la région d’Iskenderun a démenti catégoriquement cette accusation dans un communiqué de presse et a accusé les forces de l’ordre turques d’être à l’origine de ce meurtre. Les efforts de mon père pour retrouver les assassins ont toujours été réprimés par les forces de l’ordre. Nous avons reçu sans cesse des menaces pour abandonner nos recherches en vue de trouver les assassins. L’ assassinat de mon grand-père a été une expérience particulièrement douloureuse pour moi.

Mon frère Mustafa a fait l’objet de graves persécutions lors de son service national. Il a été condamné à plusieurs mois de prison. Les perquisitions incessantes à notre domicile pour arrêter des proches parents recherchés, ls persécutions et les injustices subies ne pouvaient que me pousser à lutter dans le mouvement national kurde.

Dès le collège, nous formions déjà un groupe qui s’intéressait à la question kurde. Certes, nous n’avions pas des activités politiques à proprement parler, mais nous avions la conscience d’être kurdes et alévis.

C’est à partir de 2002 que j’ai commencé à avoir des activités politiques. En octobre, alors que nous collions des affiches électorales de DEHAP, nous avons été arrêtés par la police et emmenés au commissariat de police. Nous étions quatre jeunes. Battus toute la nuit, nous avons été libérés que deux jours plus tard. La police m’a mis en garde de ne pas poursuivre ces activités sous peine d’avoir le même sort que mon grand-père. Ils m’ont posé des questions sur mon cousin Ismet ARPACI qui à l’époque était activement recherché pour son militantisme dans le PKK. Nous n’avions pas renoncé à retrouver les assassins de mon grand-père . Nous songions à porter l’affaire devant la cour européenne des droits de l’homme. Je pense que c’est à cause de tous ces efforts mais aussi à cause de son militantisme actif pour la cause kurde que mon frère Mustafa a été enlevé en février 2003 par les forces spéciales turques. Pendant trois jours, il a été affreusement torturé et menacé de mort. Nous vivions constamment dans la crainte de la persécution.

Le 21 mars 2003, je fus arrêté au cours d’une manifestation. Pendant trois jours, ils m’ont torturé pour me faire avouer mes liens avec le PKK en prétendant que je faisais partie du groupe scandant les slogans en faveur d’Abdullah Ocalan et du PKK. J’ai répondu que je n’avais fait que participer à un rassemblement autorisé, que c’est par hasard que je me trouvais entre le groupe en question et les forces de l’ordre. Bien sûr, le fait que ma famille et moi soyons connus de la police ne me facilitais pas la tâche. J’ai été détenu pendant trois jours. Traduit devant le procureur le 4e jour, j’ai été libéré faute de preuves. En me libérant, les policiers ont proféré toutes sortes de menaces. Informée par la police, la direction du lycée m’a renvoyé de l’école pour une durée de 15 jours. Des coups reçus lors de mon arrestation et des tortures subies au commissariat de police, je garde deux séquelles bien visibles à ma hanche droite et à mon genou gauche.

Malgré les menaces, j’ai poursuivi mes activités politiques au sein de DEHAP et au sein des associations Alévies.

Au début du mois d’août 2004, j’ai participé à une action d’affichage dans notre quartier pour réclamer une amnistie générale en Turquie. Nous nous sommes réunis le soir. Mais, j’ai constaté en dehors des affiches demandant la libération de tous les prisonniers politiques qu’il y en avait aussi demandant la libération du président du PKK. Nous étions au total 10 jeunes. On s’est répartis en deux groupes. Nous devions coller les affiches tard dans la nuit. Dans mon groupe, j’étais chargé de guetter. Si je constatais la présence d’une patrouille de police, je devais avertir les deux groupes. A une intersection j’ai vu une patrouille de police. Nous avons tous réussi à prendre la fuite. Par mesure de sécurit, je ne suis pas rentré chez moi. Le lendemain, j’ai appris que personne n’avait été arrêté. Mais deux jours plus tard j’ai appris que la police était en train d’effectuer une perquisition à notre domicile, que les policiers leur avaient posé des questions pour savoir où je me trouvais. Après la perquisition, mon père et mon frère avaient été emmenés au commissariat. Mon père était libéré le lendemain, mais mon frère Mustafa a été détenu trois jours.

Entre-temps, j’ai appris que le responsable du groupe à qui j’avais téléphoné pour l’avertir de la présence de la police avait été arrêté chez sa tente en possession des publications du PKK. La police n’avait pas tardé à savoir que c’était lui qui avait organisé l’action de l’affichage. En consultant son téléphone mobile, elle avait déterminé que c’était moi qui lui avait téléphoné la nuit de l’affichage. De ce fait, j’étais recherché par la police qui effectuait des perquisitions sans cesse chez mes parents et chez mes amis pour m’arrêter. Pour éviter une arrestation, je suis parti à Istanbul. Grâce à des amis avocats, j’ai appris qu’une procédure judiciaire était ouverte contre moi pour le délit de soutien aux membres d’une organisation illégale et qu’un mandat d’arrêt avait été lancé. Je n’avais pas d’autre choix que de quitter la Turquie. C’est ce que j’ai fait le 10 janvier 2005 dans un camion de marchandises. Je suis entré en France le 15 janvier 2005 mais je ne sais pas les pays que nous avons traversés.

Il est certain que je serais arrêté dès mon retour en Turquie. Accusé de soutenir les membres d’une organisation illégale, je serai soumis à d’intenses tortures. La police voudrait, en effet, avoir des informations sur les militants kurdes et enfin je risque d’être condamné à Trois ans et neuf mois d’emprisonnement.

Pour les motifs ci-dessus, je vous demande de bien vouloir donner une suite favorable à ma demande d’asile politique.

Ibrahim Ali Arpaci (janvier 2005)

Retour sur l'expulsion d'Ibrahim

Tristesse et très vive inquiétude
On le sait, la préfecture de Seine-et-marne, comme les autres, doit "faire du chiffre" d'ici à la fin de l'année 2007 pour atteindre le quota d'expulsions de sans-papiers fixé par le ministère de l'intérieur. Malgré la mobilisation, plusieurs heures durant, de 200 personnes à l'aéroport de Roissy et en dépit des interventions d'élus socialistes (Vincent Eblé, président du conseil général de Seine-et-marne, Nicole Bricq, sénatrice) ou communiste (Michel Billout, sénateur) auprès de la préfecture, Ibrahim Arpaci en a fait les frais. Il a été embarqué vers Istanbul sur l'avion prévu à 12H35, parti avec une demie-heure de retard. Depuis lors, aucune nouvelle de lui n'est parvenue à sa famille, réfugiée politique en France depuis des années, ou à son avocate.
Les conditions de l'expulsion
Depuis plusieurs Jours, on savait par la CIMADE - la seule association de soutien aux sans-papiers présente en permanence au centre de rétention du Mesnil-Amelot- qu'une nouvelle tentative d'embarquement pouvait avoir lieu sans préavis, après que la mobilisation citoyenne organisée par le Réseau éducation sans frontières ait fait échouer celle du vendredi 2 novembre.
En fin de semaine dernière, on apprenait qu'Ibrahim devait être présenté au tribunal de Meaux lundi 12 novembre. Ce n'était vraisemblablement qu'un leurre destiné à brouiller les pistes et à empêcher une nouvelle mobilisation à l'aéroport avant cette date.
C'est donc par un SMS d'Ibrahim lui même que la famille, l'avocate puis le comité de soutien apprenait très tôt vendredi 9 novembre que les policiers venaient chercher Ibrahim pour le mettre dans l'avion. Les réseaux de solidarité s'organisaient aussitôt pour qu'un maximum de monde soit présent à l'aéroport.
Les 200 personnes sur place s'adressaient alors aux passagers -réceptifs- du vol de 10H05, avec succès dans un premier temps puisque qu'Ibrahim n'est pas parti sur ce vol alors qu'il avait déjà été amené sur place. On apprenait plus tard qu'un passager courageux avait été débarqué, menotté, parce qu'il n'avait pas voulu laisser faire. Il faudrait retrouver ce passager pour qu'il raconte.
Malheureusement le scénario ne s'est pas reproduit pour le vol de 12H35. Vers midi un dernier contact téléphonique en catastrophe entre Ibrahim et son oncle permettait de comprendre qu'il avait été attaché et privé de son portable.
Les coups de téléphone se sont alors multipliés à l'adresse du conseiller pour la Turquie de la présidence de la république. En vain.
Vers 13H30, une délégation des manifestants s'adresse à la police de l'aéroport et obtient les dernières nouvelles D'ibrahim...
On nous apprend qu'il a été "entravé pour sa sécurité" (on l'envoie vers la prison et la guerre mais surtout il ne faut pas qu'il tombe de la passerelle à Roissy) et que "tout s'est passé dignement". Aux questions plus précises que nous posons (a-t-il pu s'adresser à l'équipage? ) nous d'obtiendrons aucune réponse.
Mobilisation exemplaire, chaleureuse, responsable et sensible des lycéens du L.E.P. de Thorigny-sur-Marne:
Ils n'ont pas mangé de la journée, ou presque. Dès qu'ils ont appris qu'Ibrahim était en instance d'embarquement, ils ont rappliqué à l'aéroport de Roissy et se sont adressés avec leurs profs, pour certains avec leurs parents, avec les militants RESF, aux passagers du vol pour Istanbul. L'une d'elle a même, de sa jolie voix, improvisé une chanson qui raisonnait de façon émouvante face aux forces de l'ordre. Lorsqu'un passager imbécile leur a lancé, bien à l'abri d'un cordon de CRS, "les immigrés dehors", ils ont failli perdre leur sang-froid mais se sont rapidement repris, dans la dignité et en pensant très fort à Ibrahim.
Lorsque la triste nouvelle du départ d'Ibrahim a été connue, la fatigue et la tristesse se lisaient sur tous les visages. La tristesse mais aussi la détermination pour le faire revenir. Ils n'ont pas hésité à se retouver ensuite au cabinet de l'avocate de la famille pour rédiger un communiqué de presse en forme de lettre à Nicolas Sarkozy.
Ces enfants là, enfants français de mutiples origines, reflet de la richesse de la France d'aujourd'hui n'oublieront pas ce qu'ils ont vu et ce qui s'est passé ce vendredi.
D'un pilote à l'autre:
Dans la mythologie grecque antique, la traversée du fleuve des enfers était confiée à Charon, exécuteur de la décision des dieux. Il existe deux catégories de pilotes à Air-France. D'abord, ceux qui refusent d'embarquer les sans-papiers et de devenir ainsi les Charon des temps modernes. C'est ce qu'a fait le pilote du vol du 2 novembre, 10H05, qui a refusé d'embarquer Ibrahim Arpaci, lui accordant ainsi le sursis que lui refuse la justice française alors que son dossier de demande de réfugié politique est toujours en cours d'examen.
Mais hier, il s'est trouvé un pilote de deuxième catégorie sur le vol de 12h35 pour Istanbul.Un pilote qui a accepté la basse besogne, accepté d'emmener vers la prison et la guerre un étudiant de 21 ans, entravé, et dont on se demande, le connaissant, s'il n'était pas drogué afin de faciliter son embarquement. Souhaitons que les pilotes de la première catégorie fassent contagion. Sans quoi Air France pourrait bientôt mériter totalement l'appellation de "compagnie des expulsions" vers nos enfers modernes que sont les régimes autoritaires, les pays de misère et de persécutions.
Quelle police pour quel état ?
Quand on est petit et qu'on veut devenir policier, c'est souvent pour "arrêter les méchants" . Combien de temps la police de cet état acceptera t'elle de mobiliser son énergie et son temps pour la chasse aux enfants, aux jeunes, aux familles sans-papiers, les privant ainsi de tout avenir ? Sont-ils entrés dans la police pour cela ?
Combien de temps les contribuables accepteront-ils que leurs impôts servent à les rémunérer et à payer les billets d'avion des expulsés ?
(un vol pour la Turquie, c'est 1000 euros)
Et maintenant, que faire ?
La famille d'Ibrahim et son avocate vont continuer à se battre pour obtenir le retour du jeune homme. Ils trouveront à leurs côtés les lycéens, parents d'élèves, enseignants, les militants RESF, et bien d'autres, militants politiques, syndicaux, associatifs ...simples citoyens révoltés...
Les conditions de l'expulsion malgré la solidité de la demande du statut de réfugié politique sont telles que différents recours juridiques sont possibles, notamment auprès de la commission consultative des droits de l'homme.
Et surtout, la mobilisation citoyenne peut faire revenir Ibrahim, comme elle a fait revenir Suzylène, lycéenne expulsée vers le Cap Vert revenue après 6 mois d'exil l'année dernière.
Catherine Jouanneau

jeudi 8 novembre 2007

Thorigny : communiqué de presse des élèves, parents d’élèves et enseignants du lycée Perdonnet pour la libération d’Ibrahim ARPACI

Les élèves, enseignants et parents d’élèves du lycée Perdonnet ont découvert aujourd’hui avec stupéfaction l’arrestation d’Ibrahim ARPACI, survenue à la veille des vacances de la Toussaint, et sa mise en rétention au centre du Mesnil-Amelot en vue de son expulsion.
La pétition, qui a commencé à circuler ce matin, a recueilli plus de 500 signatures dans la journée.

Il a été décidé ce soir :
-qu’une délégation se rendrait vendredi 9 novembre au centre de rétention du Mesnil Amelot, témoigner de son soutien à Ibrahim.

- Que les lycéens se réuniraient dès vendredi matin pour décider des formes d’action et se mobiliser en vue de soutenir Ibrahim lors de son passage au tribunal de Meaux lundi 12 novembre.

-Les participants à la réunion invitent les jeunes, les familles et les personnels des lycées de Lagny, Meaux, Chelles, Torcy à se joindre à eux pour obtenir la libération d’Ibrahim.
jeudi 8 novembre 2007.

mercredi 7 novembre 2007

Rassemblement jeudi 8 novembre 7h30 Lycée Perdonnet Thorigny


LA CHAISE D’IBRAHIM NE DOIT PAS RESTER VIDE
Ibrahim doit vivre et étudier librement en France au lycée professionnel de THORIGNY-SUR-MARNE
Lycéens, parents, professeurs, citoyens, tous unis pour empêcher son expulsion
Jeudi 25 octobre en fin d’après midi Ibrahim ARPACI, élève en classe de SECBEP METIERS DE L'ELECTROTECHNIQUE, a été arrêté par la police à la sortie du lycée.

Il est depuis prisonnier au centre de rétention du Mesnil Amelot près de Roissy et menacé d'expulsion vers la Turquie, parce qu'il est un sans -papiers. D'origine kurde, Ibrahim et sa famille ont été persécutés en Turquie. S’il retourne là-bas, il sera incorporé dans l'armée pour aller combattre d'autres kurdes à la frontière avec l'Irak !

Arrivé en France en 2005, Ibrahim a appris le français rapidement et a choisi d'étudier
les métiers de la climatisation, pour travailler ensuite dans l'entreprise de ses oncles
à Melun. Il espérait obtenir le statut de réfugié politique lui permettant d'imaginer
un avenir.
Le deux novembre, le réseau éducation sans frontières a réussi à empêcher son
départ à l'aéroport de Roissy grâce à la mobilisation des passagers. L'équipage a
refusé de l'embarquer. Mais il est toujours au centre de rétention!

Nous exigeons la libération immédiate d'Ibrahim et l'obtention d’un titre de séjour pour qu'il puisse continuer à vivre et à étudier parmi nous.

NE LAISSONS PAS FAIRE !


Ibrahim n'est pas parti

Nous étions une quarantaine ce matin à Roissy, pour informer les passagers du vol pour Istanbul. Accueil plutôt bienveillant des passagers, dont certains nous tenaient ensuite au courant par leur portable de ce qui se passait en salle d'embarquement , et /ou se sont adressé à l'équipage. Lequel a refusé d'embarquer Ibrahim qui est donc retourné au centre de rétention. De loin et au téléphone il a adressé ses remerciements à tous ceux qui se battent pour lui, pour ceux qui étaient présents ce matin et aussi pour ceux qui ont oeuvré d'une autre façon.....
"Je vous aime", a-t-il crié de derrière les grilles du centre de rétention, au milieu des gendarmes, sous un ciel gris... Son moral a l'air bon.
La famille souhaite transmettre ses remerciements les plus chaleureux également.
Il semble qu'il soit présenté devant une autre juridiction demain à 10 heures suite au non-embarquement, à Meaux ou à Bobigny., Des nouvelles vous seront communiquées dans la journée.. Il faut bien sûr rester en alerte.Certains policiers n'ont pas manqué de lui dire: "on a pas eu de chance aujourd'hui mais on t'embarquera un autre jour"
Le comité RESF de Lagny-Thorigny s'est étoffé à cette occasion, avec la présence ce matin de professeurs du LEP et de parents d'élèves.Des contacts sont pris pour l'avenir...
Une équipe de France 3 et une journaliste du parisien étaient sur place. France 3 était là pour un reportage qui passera le vendredi 30 novembre dans l'émission "Pièces à conviction", vers 23 heures, mais l'équipe va essayer de faire passer quelques images au 19-20 de ce soir.
Le plus encourageant c'est de constater que l'on peut susciter des réflexes de solidarité, de courage, de la part d'inconnus. Le hasard a fait également que parmi les passagers se trouvaient des abonnés aux listes RESF, qui étaient donc prévenus avant même leur arrivée à l'aéroport. De façon générale il semble que tous les réseaux activés (associatifs, amicaux, syndicaux, politiques ...) aient assez bien fonctionné. C'est de bon augure, il y a tant à faire...
Catherine Jouanneau

L'article sur le Rassemblement du 25 octobre pour la régularisation du papa de Drissa